Le 14è siècle marque un développement nouveau dans l’histoire du bouddhisme tibétain. L’Inde a subi des incursions turques provoquant le déclin de la doctrine du Bouddha en son pays d’origine. Les grands chantiers de traductions sont alors achevés au Tibet et une nouvelle étape dans l’implantation de l’enseignement prend place : elle consiste en la collection, la compilation et l’édition des textes formant le corpus bipartite du Kangyur et du Tengyur, le canon sacré du bouddhisme tibétain.
Les premiers catalogueurs se sont assignés la lourde tâche d’imposer quelque ordre dans l’océan de textes de la littérature bouddhique tibétaine traduits au fil des siècles et c’est ainsi que le canon a pu se constituer. Un grand nombre de textes circulaient alors : il s’agissait parfois de différentes traductions d’une même composition originale sanskrite ou de textes variés, sans ordonnancement défini. Ainsi, certains monastères mais aussi des maisons royales s’attelèrent à former des collections organisées de textes canoniques.
D’autre part, il semblerait que les érudits tibétains, alors très liés à la Chine de la dynastie Yuan, aient-été inspirés par leurs homologues chinois dans leur tentative de réunir et de compiler en une version définitive leurs textes sacrés, afin d’en faciliter ainsi l’édition et la diffusion. Le premier pas est effectué au début du 14ème siècle au monastère de Narthang, près de Zhigatsé sous l’impulsion du grand érudit Jampé Yang (dates incertaines) également conseiller à la cour sino-mongole de l’Empereur Renzong (règne de 1311 à 1320) de la dynastie Yuan.